Au Mexique, des a b u s sexuels généralisés sur les femmes en prison

Catégories : FANTASME Femmes soumises sexuelles
il y a 5 ans

Amnesty International a interrogé cent femmes détenues dans des prisons mexicaines. Toutes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel.

https://www.amnesty.fr/

Agressions, coups, attouchements sexuels. Une enquête publiée par Amnesty international révèle que les f o r c e s de sécurité mexicaines font régulièrement subir des abus sexuels aux femmes arrêtées afin d’obtenir des «aveux». Une t o r t u r e qui se généralise.

https://www.amnesty.fr/droits-sexuels

En avril 2016, une vidéo fait le tour du Web. Elle montre des policières et des militaires en plein interrogatoire. Ils étouffent une jeune femme avec un sac plastique. Le scandale traverse toute la société mexicaine. Pour la première fois, le ministre de la Défense s’excuse publiquement mais peu de Mexicains le pensent sincère.

https://www.youtube.com/watch?v=is3qIpdIksM&feature=youtu.be

Lutter contre le crime organisé

«Les femmes représentent 7% de la population carcérale», précise à Libération Yves Prigent, responsable du programme «Responsabilité des Etats et des entreprises» chez Amnesty International France. Souvent jeunes mères célibataires provenant de milieux défavorisés, ces prisonnières sont liées au trafic de D r o g u e . «Elles veulent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs e n f a n t s. Cela en fait des proies faciles pour les cartels qui les recrutent comme "petites mains"», explique Yves Prigent. Et d’ajouter : «Elles sont aussi une proie facile pour les autorités. Plus faciles à arrêter, elles permettent de remonter jusqu’aux cartels.»

Dans son étude, Amnesty a interrogé cent femmes incarcérées dans la même prison. Elles sont unanimes, toutes ont été victimes de harcèlement sexuel ou d’abus psychologiques au moment de leur arrestation ou dans les heures qui ont suivi. «Elles sont totalement désorientées au moment de leur arrestation, souvent opérée par des f o r c e s lourdement armées, reprend Yves Prigent. C’est donc le moment où elles sont le plus vulnérable psychologiquement et donc plus susceptibles de parler.» Au total, 72 disent avoir été «agressées sexuellement» et 33 «v i o l ées» d’après le rapport.

«Quand on parle de v i o l ences contre les femmes, la méthode préférée de l’Etat est la v i o l ence sexuelle. Cela a été une découverte effrayante», déplore Madeleine Penman, auteure du rapport. «Le recours à la t o r t u r e dans les prisons est en train de se généraliser, s’inquiète Yves Prigent. Jusqu’alors, elle concernait majoritairement des prisonniers politiques. Maintenant, elle vise aussi des personnes accusées de simples délits.»

«Aveux f o r c é s»

Le rapport raconte l’histoire de Monica, 26 ans et mère de quatre e n f a n t s. En 2013, la jeune femme est arrêtée à Coahuila, dans le nord du pays, avec son frère et son père. «v i o l ée par six policiers, elle a reçu des décharges électriques sur les parties génitales, a été asphyxiée à l’aide d’un sac en plastique et a eu la tête plongée dans un seau d’eau», détaille le rapport. Selon l’ONG, les f o r c e s de l’ordre l’ont ensuite obligée à regarder son frère et son mari être torturés, ce dernier mourant finalement de ses blessures. Monica aurait ensuite été f o r c é e de signer des «aveux» selon lesquels elle appartenait à un cartel de la D r o g u e . Un an plus tard, un rapport de la Commission nationale des droits humains (CNDH) a attesté que la jeune femme avait été victime de t o r t u r e . Pourtant, aucun auteur présumé n’a été inculpé.

Enceinte de deux mois lors de son arrestation dans l’Etat de Mexico en 2013, Yuritxhi Renata Ortiz Cortéz a été retenue pendant douze heures par la police fédérale avant d’être prise en charge par des avocats. Pendant ce laps de temps, la police lui fait subir plusieurs attouchements sexuels et la frappe à plusieurs reprises dans l’estomac. Il lui faudra six mois d’incarcération avant de voir un gynécologue, dénonce Amnesty.

t o r t u r e impunie

Sur les milliers de cas de t o r t u r e s signalées au Mexique depuis 1991, seuls 15 ont entraîné des condamnations, dénonce Amnesty. «Plus de 2 400 plaintes ont été déposées en 2015 mais elles n’ont jamais abouti. Aucun membre de l’armée n’a été suspendu», raconte Yves Prigent. Sur les 100 femmes interrogées, 70 ont signalé les agressions à un juge ou à d’autres représentants de l’Etat. 22 enquêtes ont été ouvertes et personne n’a été poursuivi.

Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers le Congrès mexicain qui débat d’une proposition de loi sur la t o r t u r e . «C’est évidemment un texte très attendu, affirme le spécialiste. Malheureusement, il n’empêche pas de se servir des propos extorqués sous la t o r t u r e lors d’un procès.»

Cyrielle Cabot

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